jeudi 18 octobre 2018

211 - Je tue les enfants français dans les jardins - Marie Neuser

Résumé :
Lisa, jeune professeur d'italien, se rend chaque jour au collège comme on va à la guerre, avec, en guise d'armée ennemie, les élèves. Au fond de la classe, les garçons se disputent le rôle de commandant en chef en rivalisant d'insultes et de menaces. Du côté des filles, ce n'est guère plus apaisé : comment faire comprendre à une gamine de douze ans qu'elle ne doit pas se prostituer, même pour se payer des vêtements de marque? Seule solution pour survivre sur ce champ de bataille où règne la loi du plus fort, se forger une carapace, en attendant son heure... l'heure de la contre-attaque. 






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Un roman noir, politiquement et socialement incorrect. Dénoncer les réalités du métier d'enseignant de nos jours, où , si on ne travaille pas beaucoup et qu'on a toutes les vacances (lol) on ne peut plus rien dire, rien faire. Marie Neuser pointe du doigt les rêves piétinés de Lisa, une jeune prof d'Italien qui a choisi ce métier par conviction, parce qu'elle voyait son père, professeur lui aussi, adorer enseigner à des élèves qui le lui rendaient bien. Aujourd'hui, Lisa part travailler la boule au ventre, pétrie par l'angoisse, angoisse qui la ronge le week-end, qui lui pourrissent la vie. L'administration ne la soutient pas, ses collègues ne la soutiennent pas et ne reconnaissent pas qu'ils sont eux aussi en difficulté. Lisa n'enseigne pas, elle essaye de faire du gardiennage et de rester en vie, entre crachats (au mieux), insultes, agressions. Aucune sanction, de toute façon elles n'ont aucun effet voire l'effet inverse de celui escompté.

Si j'ai aimé ce livre, c'est malheureusement, entre autre,  pour une raison très personnelle que je ne peux étaler publiquement. Mais c'est aussi pour un constat que je fais tous les jours : l'auteur dit "on fabrique des monstres", et quelque part, je crois qu'elle n'a pas tort. On pointe du doigt que de nos jours, on se retrouve dans des classes avec des enfants à qui il ne faut rien dire, pas punir, pas mettre au coin, pas stigmatiser. Si quand ils sont petits, ils ont une certaine retenue, arrivés à l'adolescence, ils se sentent intouchables.  Alors je me pose ensuite une question comment et à quoi, en tant que parent, prépare t'on nos enfants à une vie d'adulte quand dès le plus jeune âge on leur apprend qu'ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent, de toute façon, l'adulte n'a pas de prise, aucun pouvoir sur eux. Les parents, dans ce livre, et malheureusement de plus en plus, sont dépassés. Attention, relativisons : je ne dis pas que tous les parents sont dépassés et tous les enfants des enfants horribles. Mais il faut reconnaitre que c'est sans doute plus difficile d'étudier et de rester dans les limites du raisonnable (et du légal) dans certains quartiers que dans mon micro patelin.
Le seul bémol dans ce livre pour moi, ce sont les trois dernières pages de fin, car au delà du côté improbable, je trouve ça extrême et choquant. Sinon , c'est un livre qui fait réfléchir. Je dis souvent que je n'aurai pas pu exercer le métier de professeur, notamment à cause de ça. Toutes ces scènes de violence, de provocation face auxquelles cette jeune femme doit rester de marbre à la fois pour ne pas perdre la face et ne pas flancher mais aussi parce qu'elle n'a pas le droit (et que ses élèves le savent). C'est une très bonne lecture qui ne m'a pas laissé indifférente.

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